Saint Séverin accomplissant un miracle sur la terre de France
(gravure du XIXe siècle)
Vie de
notre père parmi les saints
Séverin (✝507)
Higoumène
du monastère Saint Maurice
d’Agaune
Fête le
11/24 février
Trois récits hagiographiques parlent de la vie de ce saint
père d’Helvétie, celui de Surius, celui des Bollandistes, et celui composé par
Fauste (Faustus) compagnon et disciple du saint, qui est le plus ancien
et le plus digne de foi, les autres n’étant que des amplifications de la première
relation de la Vita primitive.
Saint Séverin naquit en 440 au sein d’une illustre famille
de Bourgogne. En ces temps, l’hérésie arienne régnait sur de nombreux
territoires, mais le saint eut l’heur de vivre et d’être instruit au sein d’une
famille qui pratiquait la foi orthodoxe.
Par sa naissance, il pouvait prétendre avoir une position élevée
dans la société de son temps, mais il préféra renoncer aux illusions du monde
et, très jeune, il se rendit à l’abbaye d’Agaune (Saint Maurice actuel).
A cette époque, le monastère n’était qu’une modeste
chapelle appuyée contre la paroi rocheuse, avec à proximité une hôtellerie pour
les pèlerins de passage et un cloître pour les moines qui veillaient sur
les précieuses reliques des saints de la glorieuse légion thébaine.
Selon Fauste, son disciple et compagnon de trente
ans, Séverin était un moine irréprochable, une grande piété l’animait et il était
sans cesse en Dieu par son amour et son humilité insignes. Ainsi, en 476,
lorsque l’higoumène d’Agaune rejoignit la céleste patrie, Séverin fut
naturellement désigné pour lui succéder à la tête de la communauté.
Ce fut un père aimant pour ses moines, une lumière pour
les égarés, un baume pour les malades et les malheureux. Tous venaient vers sa
prière comme vers la Source de Vie. Dieu, pour sa grande ferveur et son humilité,
lui avait accordé le don des miracles. Il les dispensa grandement autour de
lui, soulageant les misères des hommes.
Sa réputation grandit et traversa les frontières. Il
advint que Clovis, roi des Francs soit atteint d’une fièvre maligne. On
craignit pour sa vie. Tous les soins de la médecine des hommes ne purent venir à
bout de son mal. Son médecin lui-même lui suggéra alors de faire venir auprès
de lui un saint homme dont il avait entendu parler avec grand respect et vénération.
Clovis envoya aussitôt un de ses domestiques à Agaune auprès du saint higoumène.
Quelques temps auparavant, saint Séverin avait eu la
vision d’un ange lui révélant qu’il partirait bientôt pour un pays lointain, qu’il
y rendrait son âme à Dieu et y serait enseveli. Décidé à aller vers le roi qui
faisait appel à lui, et comprenant que la vision lui annonçait sa bienheureuse
naissance au Ciel, l’higoumène réunit ses moines, leur fit ses adieux et se mit
en route.
Son voyage fut une route parsemée de miracles. A Nevers,
il visita la cathédrale de ses prières et demanda à voir l’évêque. Celui-ci étant
malade, il alla le trouver et le guérit aussitôt. Puis il se remit en chemin et
en oraison. Entrant dans la ville de Paris et rencontrant un lépreux, il lui
fit une onction de sa salive, et le guérit immédiatement. Il soulagea encore de
nombreux malheureux par ses prières, leur accordant au Nom de Dieu la guérison
de leurs souffrances.
Arrivé devant le roi Clovis, il s’agenouilla, pria et puis
il ôta son manteau et l’étendit sur le roi qui fut délivré instantanément de sa
fièvre! Le roi reconnaissant, lui fit des dons précieux, entre autres celui de
libérer des prisonniers de ses prisons. Le saint accomplit encore d’autres
miracles avant que de reprendre sa route vers le terme de son voyage.
Il sortit de Paris et se dirigea vers Château-Landon, en Gâtinais
(dans l’actuelle Seine-et-Marne). Sur une colline était un oratoire que
desservaient deux prêtres, Ursicin et Paschase. Il leur expliqua sa vision,
leur annonça son départ prochain pour la céleste patrie et leur recommanda ses
compagnons Fauste et Vital.
Demeuré en Dieu par la prière pendant ses derniers jours
sur la terre des vivants, saint Séverin rejoignit le Père en naissant au Ciel
le 11/24 février 507. Une grande lumière se manifesta rayonnante à son départ
pour le monde céleste.
Childebert, fils de Clovis fit construire une église sur
le tombeau du saint. De nombreux miracles vinrent attester de la faveur de
l’higoumène Séverin auprès du Seigneur. Une communauté s’organisa auprès de ses
reliques. Saint Fauste, parti annoncer le départ de saint Séverin aux moines d’Agaune
y devint peut-être l’higoumène du lieu, puis il repartit en pèlerinage au
tombeau de son père spirituel.
Une église fut construite en sa mémoire à Paris, elle devint
la paroisse Saint-Séverin qui existe encore de nos jours.
L’église de Château-Landon qui abritait les reliques du
saint fut détruite à deux reprises, une fois par les Saxons, puis par les
Anglais, mais les reliques furent sauvées. En 1568, les Calvinistes occupèrent
le monastère et pillèrent le trésor du monastère. Ils s’emparèrent d’un bras
reliquaire, en jetèrent la relique pour conserver l’argent. Le bras du saint
abandonné répandit une lumière extraordinaire que virent des paysans des
environs. Ils avertirent le prêtre de la paroisse voisine qui vint prendre et
mettre en lieu sûr les précieux restes du saint.
La révolution fit disparaître les dernières reliques de
saint Séverin en terre de France.
La fête du saint, dont une relique était encore à Saint
Maurice du Valais au siècle dernier, fut fixée au 11/24 février, date de son
natalice.
Saint Séverin, prie Dieu pour nous !
Ton 2
Tropaire à saint Séverin,
Higoumène d'Agaune,
(Natalice en 507 A.D.)
Moine de la sainte abbaye de Saint-Maurice,*
Par ta pieuse vie, tu en devins l'higoumène,*
Thaumaturge de grand renom,*
Tu allas guérir le roi de France Clovis.*
Et tu naquis au Royaume sur le retour.*
Saint Séverin, prie Dieu pour qu'Il sauve nos âmes!
*
Claude Lopez-Ginisty