Saint Meinrad, fresque d'Einsiedeln
Le martyre du saint
Vie de notre père parmi les saints
Meinrad,
(✝ 861 A.D.)
Fondateur de Notre Dame des Ermites
(Einsiedeln)
Fête le 21 janvier/ 3 février
Meinrad
(Meinard, Méginard, Meinrard, Moinhard, ou Meginrad) naquit dans la famille des
comtes de Hohenzollern. Il reçut
au baptême le nom de Meginrad, qui signifie excellent conseil, qui devint plus
tard Meinrad. Après avoir passé dix ou onze ans dans la maison paternelle, le
jeune Meinrad fit ses études au monastère bénédictin de Reichenau une île du
lac de Constance. Cette île, délivrée par saint Firmin des reptiles qui en
étaient les seuls habitants, était devenue agréable et si fertile entre les
mains des moines qu’on l’appela Reichenau [riche plaine]. Deux de ses parents Hatto
et Erlebald, y furent higoumènes, il y devint donc moine. Reichenau fut une
pépinière de moines, d’évêques et
de savants, un foyer de civilisation et de lumière.
Meinrad,
grand lecteur des maîtres spirituels, et de saint Jean Cassien en particulier,
fasciné par la vie des saints ermites et des Pères du désert, choisit de se
consacrer à l’Eglise du Christ. Ordonné diacre en 821, il devint ensuite prêtre. Erudit, connaisseur des Pères
et de la vie spirituelle par ses pieuses lectures, il s’attacha à mettre en
pratique ce qu’il avait appris de la tradition monastique de l’Eglise.
Sa
pensée profonde pouvait se résumer à ce qu’il dit à ses élèves quand on lui
demanda d’enseigner au monastère de Bollengen: « chercher la vérité
avec amour, non pour en tirer gloire et honneur dans le monde, mais pour le
seul amour de la vérité. »
Mais
l’amour de Dieu ardait en lui, et le poussait à rechercher le tête à tête avec
son Créateur dans la solitude. En juin 828, il se retira sur le mont Etzel,
couvert de sombres et épaisses forêts. Il était alors âgé de 31 ans. Il
n’emporta qu’un livre de prières, un enseignement sur l’Evangile, la règle de
saint Benoît et les œuvres de son cher Jean Cassien.
Il
vécut d’abord abrité par des branches d’arbre et par un mur grossier bâti avec
des pierres détachées de la montagne, puis une pieuse veuve d’Alterdorf lui fit
construire une cabane et une chapelle. Il passa sept années de sa vie dans ce
lieu, mais bientôt son havre de paix fut transformé en lieu de pèlerinage, car
on accourait de partout pour le voir et lui demander conseil.
Derrière
le mont Etzel, il y avait une épaisse forêt. Il s’y réfugia avec un compagnon
moine et un paysan de Bollengen. Ayant trouvé un lieu propice pour sa nouvelle
demeure, il s’y arrêta. En chemin, il trouva dans une branche de sapin un nid
dans lequel il y avait deux corbeaux, qui devinrent aussi ses compagnons.
La
voix de l’Evangile n’avait jamais eut d’écho dans ce lieu sauvage. Edwige,
abbesse d'une petite communauté de femmes à Zurich, remplaçant la veuve
d'Altendorf, subvint à tous les besoins du pieux solitaire. La tradition
rapporte qu’un jour, Meinrad en prières, fut encerclé par une horde de démons,
mais qu’un ange apparut qui les chassa. Depuis ce jour, il redoubla de prière
et retrouva la bonne odeur d’Adam au Paradis : les bêtes sauvages, aigles,
ours, venaient se nourrir dans sa main et ses deux corbeaux se posaient sur ses
épaules.
Il
participait à la louange du Créateur, à l’unisson avec cette belle nature, et
en vérité chaque souffle dans ce Paradis de beauté et de prière, louait le
Seigneur, ainsi que le dit le saint Psalmiste David. Meinrad évangélisa progressivement
la contrée.
Alors
les foules recommencèrent à venir consulter le saint père. Sa renommée s’étendit.
Hildegarde, fille de Louis le Germanique, nommée par son père higoumène du
monastère de Zurich en 853, ayant entendu parler des vertus de Meinrad, lui fit
bâtir une chapelle qui exista jusques en 1798. Meinrad la consacra à la sainte
Mère de Dieu et toujours Vierge Marie, et ayant reçu d'Hildegarde une statue de
la Très Pure Génitrice de Dieu, il la plaça sur l'autel et les miracles
abondèrent; les pèlerins venus vénérer la Mère de Dieu, reçurent des grâces
extraordinaires. La chapelle fut alors nommée le Lieu de grâce, et cette statue
de la Vierge fut à l'origine du pèlerinage de Notre-Dame-d’Einsiedeln (Notre
Dame des Ermites).
Les
Petits Bollandistes rapportent qu’un religieux de Reichenau, qui était venu lui
rendre visite, raconte qu'une nuit ayant vu la petite chapelle éclairée d'une
lumière subite, il était entré et avait aperçu Meinrad agenouillé sur les
degrés de l'autel, et à côté de lui un ange soutenant le livre de prières et
unissant sa voix à celle du saint.
Tenté
par le Diable, deux hommes, l'un qui s'appelait Pierre, venant des Grisons et,
l'autre Richard qui était de Souabe, décidèrent de l'assassiner pour lui dérober
ses trésors, croyant qu'il en avait d’immenses, imaginant qu’il avait de nombreux
dons qu’il recevait de ses visiteurs. Non loin du lac de Zurich, dans une
auberge d'Endigen, où plus tard il y eut Rapperswil, ils passèrent la nuit. A
l’aube, ils se mirent en chemin vers l'Etzel et se dirigèrent vers la forêt.
C'était le 21 janvier 861. Pendant longtemps, perdus, ils errèrent à travers les bois, car la neige avait
recouvert tous les chemins. Cependant le Diable les conduisant, ils se
trouvèrent devant l'ermitage de saint Meinrad. A leur approche, les deux
corbeaux du saint poussèrent des cris perçants, et se mirent à voler, comme
effrayés autour de la cabane, à l’étonnement des deux meurtiers.
Ils
arrivèrent à la porte de la chapelle au point du jour; le saint comme à
l’accoutumée, avait prié longtemps, avait célébré l’office devant l'image de la
Mère de Dieu, et communié aux Saints Mystères du Christ. Les brigands frappèrent
à la porte… Meinrad, comme averti par le Ciel de son sort, pria encore avec
ferveur, puis il vint leur ouvrir, les reçut cordialement, et leur dit : « Mes
amis, si vous étiez venus plus tôt, vous auriez pu assister à l’office. Entrez et priez Dieu et les Saints de
vous bénir. Venez dans ma cellule,
je partagerai avec vous les petites provisions que j'ai encore; vous
accomplirez ensuite le projet qui vous a amenés près de moi ».
Les
meurtriers entrèrent quelques minutes dans la chapelle; puis, comme s'ils
craignaient de voir échapper leur victime, ils s'élancèrent dans la cellule et le
mirent à mort cruellement. C’était le 21 janvier 861. Leur sinistre forfait
accompli, les deux meurtriers s’enfuient, poursuivis par les corbeaux du saint
père Meinrad qui avait rejoint son Maître bien-aimé.
Les
deux meurtriers, poursuivis par les corbeaux furent arrêtés. L’higoumène de
Reichenau envoya deux moines pour ramener le corps du saint au monastère de
l’Ill, mais ils ne purent déplacer la dépouille bénie du martyr. Ils déposèrent
alors le cœur du saint dans la chapelle, et purent alors amener ses reliques à
Reichenau, où l’on construisit une chapelle en son honneur.
Depuis
le temps de son martyre, saint Meinrad poursuit sa mission terrestre depuis le
Ciel où il demeure désormais, et les miracles qui sont attribués à son intercession,
ne cessent pas. Le pèlerinage à Notre Dame des Ermites, attire toujours les
pieux fidèles auprès de la Très Pure Mère de Dieu.
Saint
martyr Meinrad, prie Dieu pour nous !
Ton 8
Tropaire à saint Meinrad, martyr,
(Natalice en 861 A.D.)
Rejeton d'une famille de la noblesse,*
Tu quittas le monde pour cheminer vers Dieu.*
Tu allas chercher la paix de Dieu dans l'ascèse,*
Et tu fondas le monastère d'Einsiedeln.*
Tu fus martyrisé, et trouva le Royaume.*
Saint martyr Meinrad intercède pour nos âmes!
Claude Lopez-Ginisty